24 octobre 2009

Explosé oral 4 : Rouge

Il y a la fenêtre qui

source de lumière

ouverture sur les feuilles

attire les regards

peut-être

ou peut-être

qu’il s’agit d’autres choses

les cheveux

par exemple

de Natasha ou de Sara

le parfum d’Élisa

la chemise de l’enseignant

cette chemise noire

dont la texture rappelle celle de l’univers de Poe

une texture…

La mort symbolise l’irrémédiable

le temps qui passe

les connexions cérébrales qui poussent à la folie

Et quoi encore?

Poe m’emmerde, m’emmerde, m’emmerde

C’est quoi cette langue pompeuse

sombre aux odeurs de vieux gin et de masques en sueur

Peut-être qu’il s’agit d’autres choses

Une rupture

Une indigestion

Un relent de désespoir naissant

À 16 ans

Sans aucun sens de l’organisation on fait quoi avec nos bras démesurés

nos petits seins

nos petites poires émergentes

soucis soucis soucis

sans cesse ressassés

houle de dégorgements de nausées de reflux de marées de Tsunamis d’ouragans d’éruptions

à braise de peau

irradiant dans la classe

sous le bureau

dans le pantalon

à la vue des feuilles si rouges

si resplendissantes

si mouillées

ces feuilles-cheveux rouges de la fille d’en face

qui se penchent non vers moi

mais vers l’avant

qui se penche avec un penchant langoureux

dans la nuque

avec un mouvement fluide de feuilles prises dans le vent

la rougeur de ses cheveux

de son sang

j’aimerais m’ouvrir les veines

lui ouvrir les veines

lentement

pour la voir crier

geindre

trembler sous mon emprise

je dois finir mon texte avant la cloche

peut-être l’insérer

cette fille

comme personnage

Natasha rouge éprise du mouvement même de son crayon rouge rouge

J’irradie à l’idée d’écrire sur elle sous elle en elle

de conjuguer le verbe rouge à l’infinitif

de son nom

Me concentrer

Il faut écrire

Mais ces feuilles si rouges

M’empêchent de me concentrer

Sur toi

Natasha

1 commentaire:

Anonyme a dit...

Merveilleux rouge. Je la vois dans les feuilles.