15 décembre 2009

Légères et folles
Sous le lampadaire
La neige de décembre
Et la fille du voisin



24 novembre 2009

Sur l'autoroute 7 - SDG remix












Je ne suis pas bien du tout assis dans cette caisse
Je ne peux pas traverser les torrents sur les roches à côté d'une joie
Mon pire malaise est une congestion où je meurs
Sans accrochage sans collision
Immanquablement coincé derrière un volant en plastique

Je ne peux pas mettre mes pieds à l'extérieur
Et dire cette bagnole n'est pas moi
Je me contente pour le moment de ma compagnie

Mais je machine en secret des collisions
Toutes sortes de carambolages
Des transfusions de sang
Des déménagements d'atomes
Avec le bruit de la porte qui s'arrache à côté de moi
Avec la perte de mes dents sur les genoux

Laissez-moi rouler à fond
Défoncer des pare-chocs
Percuter des pare-brises
Casser des côtes
Craquer des crânes
Caler des coeurs
Par bonds quitter cette ferraille pour celle-là
Je trouve le passage entre les deux merveilleux
C'est là sans arrêt que je me repose

16 novembre 2009

Sur l'autoroute 6
















Le clou la coche ou le coucou
la chignole la guimbarde ou la chiotte
(Mieux connus sous le terme
véhicule
comme extension d'un corps enrobé de métal
de vitre et de plastique
comme projection des sens dans l'espace
comme perceuse du temps)
tire sa vitesse d'un geste imperceptible
d'une connexion
parfois funeste
entre l'accélérateur et les orteils

Le poids de cette ferraille
sa fureur
tient à quelques spasmes des nerfs
Aux fonctions que le cerveau octroie
À quelques membres inférieurs
À l'impatience des doigts qui se resserrent
Sur le bras de vitesse

Ses piaffements
célèbres dans les embouteillages
s'accentue en fonction de son immobilité

Il lui faut la mort à tous les angles à tout instant

Nul orietur
Science et patience évincées


Mayday!

Lecteur anonyme, ambivalent, dédaigneux, passager, habitué, pressé et parfois même attentionné, ne perd plus une seconde, fais glisser ta souris sur Leroy K. may, cerveau agile du célèbre blogue LKM, car le matamore vient de signer un contrat avec Le Quartanier où il publiera le récit délirant: Mayday! Retrouvez ici l'auteur qui incarne le doppelgänger du Dr. May en route vers Montréal dans le but de rencontrer coup sur coup non pas un, mais bien deux éditeurs qui sont prêts à tout pour se l'arracher. Enfin, c'est ce que prétendait le Dr. avec quelques bières dans le nez.

Puisque le dit récit disparaîtra sous peu du blogue sous peine d'amendes qui risquent fort de retrancher plus que ses royautés, je t'offre, lecteur voyeur, un instantané choisi au hasard de ses pages:




« D,!1%#+%!7,$8!7-$'&)%!'&!)&!7#8!%-.7!*(#22.$7,&-!#:&2!'&8!G.**&8!*.-%8A!;(&8%!,&!*.+)8!
4$(.)!7$+88&!'+-&A!M10T!4$&!0&!)(#:#+8!7#8!%-I8!5.))&!-17$%#%+.)!T!,(9-'-&!'&8!78?2G.Q
,.3$&8!'+7,6*18!T!'+8%#)2&!n,(9NMMoA!;&,#!2G#)3&-#+%!7&$%QR%-&!V!HB-&*&)%!7#8A »

Oups! Désolé. Il semblerait que l'éditeur y ait déjà apposé son sceau. À toi de le retrouver en 2011 dans toutes les librairies bon marché.

Et puis, zut:

«Je préfère liquider des poulets qui ne proviennent pas d'une rôtisserie commanditaire avec des moyens dépassés que d'arrêter le flux évanescent de ma cervelle en ébullition devant le comptoir gazéifié d'un gratin resté trop longtemps au four. Je délire? Sûrement.»




Chuuuuuuut. Dis-le pas.


11 novembre 2009

Explosé oral 6 : CECI n’est pas UN TRès Beau paMPLoème











ceci n’est pas un très beau poème
le champ lexical fait défaut
aucune correspondance
entre les mots
une cadence aléatoire
hors-contrôle
un lexique incongru

comme Baudelaire et pamplemousse

enfin peut-être
je ne sais pas
puisqu’il est possible
j’imagine
de retrouver Baudelaire
sur le comptoir de la cuisine
un matin au petit-déjeuner

cela ferait donc

Beau pamplemousse
dans les cils de mon chat où les nuances reflètent le soleil

Bau / pample /mousse/ pample /de / laire
Pample / charles / beau/ de/ mousse / laire
Charles / de mots / pample / laire / de / brousse

ceci et cela
beau et pample
une correspondance déficiente

de toute façon qu’est-ce qu’on en a crissé de Baudelaire on ne fait plus que le lire au cégep ce grand moderniste à la con qui faisait rimaille avec des charognes

wow! faire beau avec du laid moi je fais laid avec du laid je me fous de l’hémistiche et j’embrasse la médiocrité de mon époque à la con

époque à la con
époque à la con
époque à la con
époque à la con
époque à la con
époque à la con

toutes les petites mesquineries de la gestion des savoir-faire et des compétences acquises et du monsieur qui veut se tailler une place pour faire dire à son mari que son frère il est super important dans le milieu où il travaille pour faire rouler ses mots dans le

pamplemousse

et Baudelaire n’avait même pas de chien
il était le chien le gueux le trempé le saoulon le perdu l’infâme, l’atroce, le dégénéré

« Il faisait de la prostitution monsieur? »
«Non! il baisait avec une pute. Mais c’était l’amour!»

je pense que tout devrait être brûlé pas juste les livres mais aussi et surtout les images mentales qui dictent le savoir-écrire et qui dictent la façon d’aligner des mots

et qui dictent et qui dictent et qui dictent et qui dictent et qui dictent et qui dictent et qui dictent et qui dictent et qui dictent et qui dictent et qui dictent

mais j’ai un beau pamplemousse jaune dans les cils qui reflète Baudelaire sur la page et mon chat « au corps élastique et électrique » s’en lèche les babines

2 novembre 2009

Explosé oral 5: L'Université comme thérapie

LCO8039 
Études comparatives des faiseurs de récit 
Hiver 2010
Horaire Jeudi 13h00-16h00
Professeur: Éric Bourbonnais

L’Université comme thérapie

Description
Depuis le développement de l’Université moderne, les cours se sont complexifiés à un tel point que l’on assiste aujourd’hui à l’émergence d’une nouvelle race de professeur. Des individus qui, pour survivre dans l’empire capitaliste militarisé et vivre de leur passion, se mettent (littéralement) en scène, exposent leurs névroses qu’ils emballent sous forme de «problématique». Ce cours propose une réflexion sur l’émergence de ces personnages qui se multiplient dans nos Universités et la façon dont ils vendent leur savoir à une clientèle aseptisée, nourrie à la TV et à l’Internet dans le but, non avoué, de payer leur loyer et d’écrire le roman du siècle sans se soucier du problème de capital, développé par les socio-technologies héritières de Marx.

Ce cours offre également un aperçu des théories et des débats récurrents autour de la figure du professeur universitaire et ce plus spécifiquement dans les champs controversés des sciences humaines (philosophie, études françaises, anthropologie, politique et, plus spécifiquement, littérature comparée.)

Corpus


- Gervais, Mélanie, Étude comparatives du «chez soi» des professeurs universitaires. (1967)
- Lowback, Malcom, In the teacher’s bedroom. (2001)
- Foucault, Michel, Cours à L’école supérieure de Vincennes.(1987)
- Bourbonnais, Eric, Le professeur comme personnage conceptuel : Foucault, Deleuze, et -- Derrida : une déconstruction. (2007)
- Pevin, Ishmael, L’ère du professeur à l’apogée du capitalisme (1991)
- Guide Debeur, Comment préparer son canard laqué comme un grand conférencier (1996)
- Dubeurre, Henri, «Sur-professeur, super-professeur, hyper-professeur» L’avènement étrange et convoité de la nouvelle figure du professeur à l’époque de la mondialisation et du déclin de l’empire américain. (2003)
- Ibiki, Nogoru, Sensei no saiko ni mita fukei ( The teacher’s beautiful corpse) Aussi traduit en québécois sous le titre de : «Le cadavre exquis du professeur».
- Langlois, Geneviève-Hurtubise, Apologie du rythme et de la grammaire sur les bancs universitaires. ( 2003)
- Attali, Jacques (Extraits) «Fruits» : analyse socio-économique des professeurs nuisibles à l’évolution de la pensée dans l’histoire. ( Bientôt disponible dans une pharmacie près de chez vous )
- Gagné, Benoit, Pourquoi j’ai préféré fonder mon avenir sur le marché de la bourse. (Mémoire de maîtrise, UdeM, 2002 )

Filmographie

- MacMacker, Abdoul, Making an entrance: the rise of the professor. Documentaire sur la rentrée des classes, l’attente, l’espoir et la contemplation du professeur. En collaboration étroite avec l’ONF (2002).

Évaluation

2 petits travaux de 35 pages (10%), un examen de conscience ( 40%); les étudiants seront aussi conviés à insulter le professeur, voire à l’haïr, dans le but non avoué de le remplacer et de créer un monde meilleur (50%).



31 octobre 2009

Sur l'autoroute 5


Je ne suis pas sur la route. Je suis sur l’autoroute. Ça n’a rien à voir avec le voyage initiatique de Kerouac. Je n’ai pas comme lui les yeux dans le vent remplis de rêves et de désespoir. Ce n’est pas le même voyage. C’est une forme de déplacement, oui, mais qui ne cherche pas à repousser les frontières de l’inconnu, plutôt le connu, le très connu, le très plate, une implosion féroce dans la quotidienneté et son lot de pylônes électriques et de cônes orangés semés à la va comme je te pousse le long des lampadaires.

Je me rappelle la lecture du Jack kerouac de VLB dans ma vieille mazda rouge une froide matinée d’hiver. Je n’avais pas la clé de la maison et ma mère s’était absentée... Je lisais frigorifié dans mon manteau de cuir des lignes qui ne suivaient aucune structure sinon celle de l'impulsion comme une dérive dans des pages à peines asphaltées, --------------- ces phrases-autouroute balisées ci et là par de longues parenthèses comme lorsqu’on est pris dans le traffic et que l’esprit divague pour mieux subjuguer la douleur de l’immobilité, pour l’enrayer à coup de pensées fuyantes, évanescentes.

Les voilà qui se faufilent entre les pare-chocs et qui remontent le long des carosseries. Je pense à toi Kerouac le fuyard pétri dans ses peurs d’homme pas de courage, mais qui sait raconter une histoire, brave canuck dans les brumes de l’alcool oublié.

24 octobre 2009

Explosé oral 4 : Rouge

Il y a la fenêtre qui

source de lumière

ouverture sur les feuilles

attire les regards

peut-être

ou peut-être

qu’il s’agit d’autres choses

les cheveux

par exemple

de Natasha ou de Sara

le parfum d’Élisa

la chemise de l’enseignant

cette chemise noire

dont la texture rappelle celle de l’univers de Poe

une texture…

La mort symbolise l’irrémédiable

le temps qui passe

les connexions cérébrales qui poussent à la folie

Et quoi encore?

Poe m’emmerde, m’emmerde, m’emmerde

C’est quoi cette langue pompeuse

sombre aux odeurs de vieux gin et de masques en sueur

Peut-être qu’il s’agit d’autres choses

Une rupture

Une indigestion

Un relent de désespoir naissant

À 16 ans

Sans aucun sens de l’organisation on fait quoi avec nos bras démesurés

nos petits seins

nos petites poires émergentes

soucis soucis soucis

sans cesse ressassés

houle de dégorgements de nausées de reflux de marées de Tsunamis d’ouragans d’éruptions

à braise de peau

irradiant dans la classe

sous le bureau

dans le pantalon

à la vue des feuilles si rouges

si resplendissantes

si mouillées

ces feuilles-cheveux rouges de la fille d’en face

qui se penchent non vers moi

mais vers l’avant

qui se penche avec un penchant langoureux

dans la nuque

avec un mouvement fluide de feuilles prises dans le vent

la rougeur de ses cheveux

de son sang

j’aimerais m’ouvrir les veines

lui ouvrir les veines

lentement

pour la voir crier

geindre

trembler sous mon emprise

je dois finir mon texte avant la cloche

peut-être l’insérer

cette fille

comme personnage

Natasha rouge éprise du mouvement même de son crayon rouge rouge

J’irradie à l’idée d’écrire sur elle sous elle en elle

de conjuguer le verbe rouge à l’infinitif

de son nom

Me concentrer

Il faut écrire

Mais ces feuilles si rouges

M’empêchent de me concentrer

Sur toi

Natasha

Explosé oral 3 : s-a-l-o-p-e

S-A-L-O-P-E

J’ai un tel cri qui vient du dedans merde un tel merde de cri qui me déchire en-dedans c’est un silence une rancoeur une valse épileptique sourde que les temps renforcent un cri une rancœur amniotique de l’intérieur de naissance je crois que j’ai cette tache de naissance cette ardeur sempiternelle qui se décline en phrases lorsque je prends le temps parfois pas souvent pas assez souvent d’ouvrir la bouche quel délire quel ritournelle somptueuse virevolte dans le fond de mon cauchemar voilà c’est dit je suis en colère chaque jour en colère comme une lave qui se distille dans tous les pores da ma peau sèche et galleuse me voici devant toi le visage ouvert réceptif aux cris aux plaintes au courroux des élèves mal léchés mal torchés leurs cris épileptiques sourds qui tournent en rond dans leur cœur noirs et asséchés leur détresse déversée dans mon visage sur mes lèvres rebondissant sur mes lèvres fissurant mes certitudes mes belles certitudes mes structures d’adulte condescendant pris au milieu d’une tempête de cris de jeunes cons en mal d’égaiement pris dans la turpitude rêche et assommante des cours d’assaut menant aux brevet des compétences de chiures de mouches de science et d’art dramatique dans mon cours dans le cours où je me trouve placé au centre de la tornade de craie blanche de poudreuse sur le tableau nuageux du ciel bleu lactée sans échymose ce ciel toujours si loin de ma réalité toujours si fendant et plein de sang dans ses pluies dans ses neiges dans ses éclats de poudre de stups de hash de mesc au bout du rouleau le ciel déroulé comme un papier cul dans la classe ou il fait bon de fermer les rideaux pour dormir en paix entre les lignes affolées de la dernière note de la nouvelle blonde de mon chum qui sera sûrement ma meilleure amie quand il s’en trouvera une autre dans le décor pour lui palper le gland et nourrir ses désir de nouvelles images you tube me in the mouth comme ça et avec un peu plus de sperme dans la face svp je pense que je vais venir dans la classe avant que la cloche ne sonne parce que sinon je n’aurai jamais le temps de finir mon devoir sur la conjugaison du verbe fendre du verbe prendre du verbe craindre étreindre pourfendre palper toucher baiser je veux cet élève dans le couloir mort avec son cou plongé dans les chiottes je veux cette élèves dans le couloir vide la nuit avec une lettre de sa meilleure amie entre les mains ou se lisent les lettres : S-a-l-o-p-e.

L'écume du réel

L'image est frappante.
On se souviendra d'une histoire simple, toute simple, celle de Colin et de Chloé, celle aussi de ce nénuphar qui, tout en prenant de l'expansion au fur et à mesure qu'on s'enfonce dans le livre, pousse dans les poumons de la fiancée de Colin.
Les fantasmagories de Vian sont bien connues, mais jamais au grand jamais aurais-je cru voir l'une d'elles recensée sur un site d'information.
En effet, le 15 mai dernier, le site MosNews.com relatait une anecdote des plus saugrenues : quelque part en Russie, un jeune homme crache du sang. Après une intervention chirurgicale, on découvre un sapin de 5 cm dans ses poumons.
Aussi futile puisse t-elle sembler, cette anecdote me permet d'établir un parallèle avec un ouvrage collectif qui porte sur le rapport du roman avec le réel: Devenirs du roman.
"Quels sont les rapports du roman avec le réel? Avec le monde contemporain? En quoi celui-ci affecte-t-il la forme romanesque, et en quoi le roman affecte-t-il le réel en retour? Quelle est la capacité du roman, en tant que genre, à appréhender les enjeux du monde à venir?"
Le réel est toujours en reste par rapport à la fiction. La fiction dicte ce qui pourra se donner à voir, elle suggère, trace, répertorie un inventaire fabuleux de mots qui, en quelques phrases, finissent par se décliner en idées, fussent-elles en accord avec le réel ou non.
La question de l'utilité de la littérature refait souvent surface. À quoi sert la littérature? C'est une question non seulement énervante, mais, plus encore, truffée de pièges pusiqu'elle semble émaner directement du fond de la gorge d'une société en mal de réflexion, portée toute entière sur une forme de capital rapide, excessif, dénuée d'imagination.
«Le plaisir de la fable est d'abord une démonstration en acte de ma liberté.» Cette citation tirée de cet ouvrage me semble convenir parfaitement à Boris Vian. C'est de cette liberté seule que peut advenir une idée authentique. Un peu d'écume en surface, bientôt rattrapé par la vague du réel.

15 octobre 2009

Sur l'autoroute 4

Est-ce possible d’entrevoir une forme de narration à l’image du déroulement de l’autoroute: une sorte de flux ininterrompu qui, tout d’un coup, nous oblige à freiner, à prendre du recul, à observer notre positionnement. À la lumière du chemin parcouru, l’avancée se fait alors plus pénible, au compte-goutte, l'autoroute se change en stationnement, l’être arraché à l’action fulmine sur place dans l’attente d’une ouverture, d’un déblocage, comme le retour de l’inspiration ou de quelque chose de latent, d’imperceptible qui surgit sans klaxonner et qui ouvre de nouvelles perspectives. Les idées plus tôt étouffées se nourrissent alors de cette pause pour s’élancer de plus belle, avec un élan proportionnel au degré de stagnation. Sur l’autoroute, les interruptions dues aux arrêts involontaire ce seraient les espaces entre les paragraphes, et les paragraphes, le défilement des mots motorisés loin des feux de circulation, cette forme de ponctuation de la rue qui balise, réfrène, retient, censure, étouffe l’imaginaire du conducteur en modulant de haut en bas ses vitesses et en le maintenant à mi-chemin de son plein potentiel. Chaque seconde équivaut à un saut à la ligne. On peut ainsi mesurer l’élasticité de l’inspiration du conducteur au jour le jour, sentir, la flexion entre le mots et la stagnation du traffic mental qui s’insère entre les mots cherchés-désirés dans le droit filon de l’autoroute. Une autoroute ne devrait jamais imposer le silence. Elle devrait plutôt laisser libre cours à la fureur du conducteur et suivre le mouvement aléatoire, mais concentré et rectiligne des mots qui se réfléchissent comme des objets dans le miroir qui sont plus près qu’ils ne le paraissent. Le silence peut alors s’installer par lui-même et distiller son poison tout au long du trajet dans une sorte de défilé allégorique du verbe catalysé par le filtre de la pensée et rejeté par le tuyau d’échappement.

30 septembre 2009

Sur l'autoroute 3

"Les autoroutes sont un drame, une nouvelle forme d'art. Enseignes. Maisons. Visages. Charabia bruyant de Noirs à un arrêt d'autobus." -Jim

Sur l'autoroute 2

Sur l'autoroute Tous les jours. Et le traffic scande le tempo. La fluidité manque au quotidien. Tout comme la spontanéité. Chaque matin l'agglutination dégénérative précède le syndrome fatal: la congestion. Dans une tentative désespérée de m'extraire de la débilité motrice qui me guette, Armé d'une humble enregistreuse et d'un bon fouet, Voici quelques chemins qui s'ouvrent sur le langage. D'une façon extra-ordinaire. Ou Ritournelles pour surmonter l'hébétude du lecteur/conducteur.

Sur l'autoroute

les soleils les lignes électriques les mouettes les feuilles mortes les Honda les érables les panneaux publicitaires les conducteurs les Audi les nuages les trucks les vitesses les Mustang les insectes les piétons les pépines les charognes etc. Comment suivre le fil de cette narration routière? Il y a des moments où tous les éléments se confondent pour former une image d'une telle clarté Qu'on en ressort malgré le pare-brise éclaboussé Instantané mental qui foudroie l'hébétude du lecteur/conducteur Chercher les chemins qui accroissent la possibilité d'une telle éclaircie de la pensée

28 septembre 2009

Épitaphe

La mort seule Sait réunir La belle et la bête Dans un même lit

Green porno

Isabella dévoile l'anus de l'escargot et, de capsule en capsule, nous livre de petits bricolages informatifs, jouissifs sur la reproduction des insectes et des créatures marines. Elle fait cela simplement, en papier carton, et dans un format qui nous donne envie de se livrer à de pareilles fantaisies.

26 juin 2009

Vérification des mots

Voilà plus d'une heure que je fouine dans mes blogues favoris, m'ébahissant à la lecture des suggestions de lecture du Doctorak et de ses vignettes littéraires, trébuchant çi et là sur maintes infos substantielles servies par le très prolifique Super K. Ces blogueurs me font pâlir d'envie. Je n'ai pas, comme eux, la fougue, la discipline ou, tout simplement, la capacité à gérer mon temps en fonction d'une activité qui demande une folle énergie de composition et d'assemblage. Je suis resté derrière avec, comme seul signe vital depuis des mois, un pet dans l'espace digital.
Je suis toujours à cheval entre mes habitudes de lecture et d'écriture, submergé, hypnotisé par les lois de l'attraction des mots des autres qui me clouent sur ma chaise et me font me prendre la tête dans mes mains lorsque j'aperçois tous les livres que je voudrais avoir le temps de lire. Écrire ou lire? La raison première qui avait motivé mon choix d'études littéraires: je voulais avoir le temps de lire. J'ai été bien servi en matière de livres; le temps, il aura toujours fallu l'arracher aux petites heures du matin, surtout lorsqu'il s'agissait de lire autre chose que le canon des études françaises (aujourd'hui rebaptisées "Littératures françaises).
Si le désir de lecture s'est amplifié, les opportunités de lecture, quant à elles, semblent réduites, mises au défi par la facilité crade de s'installer devant une machine à faire défiler des images qui, ai-je lu quelque part cette semaine, tend à engourdir le cerveau du littéraire jusqu'à le plonger dans une transe débilitante.
Les occasions de passer à côté d'un bon livre me rendent malade. Si j'ajoute à cela mon désir de relire le top 100 des oeuvres littéraires majeures, le 18 brumaire prétentieux (une liste volontairement chiante des oeuvres les plus difficles à ingérer que j'avais concoté avec mon chum punk anarchiste passioné d'histoire romaine - devenu papa depuis et faisant l'aller retour entre Internet et les couches comme nouveau seuil (deuil?) d'interprétation du réel), les nombreux titres de littérature américaine en attente, la littérature japonaise, des origines du haïku jusqu'aux oeuvres d'avant-garde, plusieurs titres québécoise alléchants que l'on retrouve chez des éditeurs québécois audacieux et raffinés (Quartanier, Tryptique, Rodrigol, Ta mère...),
Hubert Aquin au complet encore, Gauvreau comme il faut comme quand je me dis je vais relire cette partie là demain pour mieux saisir, sans compter tous les essais, la philosophie, les quelques blogues qui reconstruisent l'autorité à leur insu par les voies digitales, les magasines, les boîtes de céréales ( le vrai personnage principal de CRAZY mériterait que l'on s'attarde sur lui en faisant un beau gros blockbuster sur le nerd Dosto-Cheeriosky) Bref, ça me rend malade. Quelqu'un aurait-il un remède? S.V.P.
Entre temps, à défaut de trouver une recette à mon syndrôme littéraire, je me rabats sur mon nouveau passe-temps, inutile et fantastique, comme un nénuphar dans un poumon. (Cette dernière comparaison, c'est de l'interprétextualité : un composé qui s'infiltre inopinément à même une phrase banale pour annoncer de façon subtile le sujet de mon prochain billet - cliquer ici si vous ne voulez pas que cette boîte de dialogue apparaisse à nouveau. ) Mon nouveau passe-temps consiste donc à composer un poème élégiaque animaloupien constitué de mots générés par la machine qui impose un bpm planétaire à mon coeur : je parle de la fonction "Vérification des mots" qui filtre un peu tout de même les niaiseries qu'on se dit en nous imposant comme miroir un mot tout aussi insignifiant, d'ou mon intérêt poétique pour la matérialité toute en son de cette étrange entité qui scande non échanges. On dirait l'oeuvre de Gauvreau sur le mode aléatoire récupérée par Google. Commenter, c'est transmettres des résonnances. Quoi de mieux qu'un rituel en hommage à Gauvreau pour échanger des mots?

3 mars 2009

Le pet

Si vous avez raté la machine à chier de l’artiste flamand Wim Delvoye ( à la galerie de l'UQAM), vous pouvez toujours vous rabattre sur le numéro 16 de la revue Contre-jour. Du pet. Un numéro bien senti. http://contre-jour.ca/