15 mai 2010

Propositions sur Glenn Gould - 3e gamme

Proposition 5

Glenn Gould est le seul pianiste à réfléchir vraiment à la forme. Il ne s'agit pas de faire une lecture lyrique d'une oeuvre et de l'interpréter en restant le plus près possible du sens, de la tradition, des attentes, pour émouvoir son public en lui renvoyant un langage qu'il saisit bien, le langage de tous les jours qu'il utilise, qu'il entend en faisant la vaisselle, mais plutôt une musique miniature, minimaliste, presque silencieuse qui chuchote des réalités et des saletés sur un monde exorbité, loin d'ici. Un monde aride, déseché, ascétique. Un espace désert où les notes se répercutent en renvoyant une teinte jusqu'alors inconnue, presque inodore et qu'il faut réapprendre à entendre.

On renait chaque fois qu'on écoute une exécution de Gould au piano. Des sons sont perçus. Mais ils ne nous vient pas à l'idée qu'il s'agit de sons. Désert. Vent. Le bruit de la neige peut-être qui fond sur une fenêtre au soleil, mais pas de Do ni de Sol, encore moins de La, puisque le langage lui aussi perd ses fonctions et que le La peut aussi bien déterminer qu'il peut qualifier.

"Quelle note la! si la!"

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