Tu es encore plus qu'une lionne lorsque, à l'attaque, ton corps de musc et de sirop d'érable laisse une trainée de poussière derrière toi. Sous son arbre, le macaque voit le derrière de tes cuisses survoltées: ton aplomb de lionne, soudain comme une flèche atomique, détale... et la hardiesse de ton élan laisse le macaque ébranlé sur sa branche.
Lionne! Grimperas-tu avec le macaque dans les hauteurs si tu parviens à rassasier cette douleur dans le bas-ventre qui te fait suer mille savanes et autant de ciels électriques? Combien de nuit peux-tu contenir dans tes entrailles sans ton macaque? Lorsqu'au loin rugissent tes semblables et que remontent jusqu'aux cimes des échos millénaires de tripes déchirées, la nuit ne fait plus qu'un tour sur elle-même, emportant sous sa voûte l'anxiété du primate : délires rocailleux, fresques ennemies, grottes glaciales en amont des plateaux familiers.
C'est tout juste si le macaque ne rugit pas pour la lionne! Ses yeux bruns perforés d'étoiles filantes sont transis. Tel une poupée-singe sans sang qui flotte au bout d'une branche, la chute intérieure de l'homme semble se refléter dans ses canines: cri figé dans l'émail, sourde symphonie énonçant l'impossible, d'une seule grimace.
On le voit, le macaque, et pourtant il nous échappe...
Il détale à la poursuite de la lionne, reniflant quelques phéromones égarées çi et là, giclées de peur semées dans le vent. Si seulement la lionne savait le Mali qu'il se fait et les invectives Bamako qui le Harare, peut-être, peut-être détournerait-elle le museau le temps d'un grognement...
Chère Lionne! Afrinizir! Fugitive aux doux effluves de feu flairant l'aurore! N'entends-tu pas ton macaque qui se morgane à qui mieux mieux dans tous les sens et qui rouspète sans bon sang sous les lunes noires de ta terre!? Ne le vois-tu pas dans son arbre, tour à tour suspendu, agrippé d'une seule main à sa branche!? Vois! Il lit ta trajectoire sur la ligne d'horizon et il réalise, peu à peu, qu'elle le ramène à lui dans les lignes de son autre main.
2 commentaires:
Toujours à vous lire espèce de bon Bourbon givré. Un plaisir.
Et notre cadeau de nowell ? "Afrinizir IV" ?
Vos lecteurs acceptent les mots rares et les phrases périmées. Pas de date butoir ici.
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