7 novembre 2007

Fibonacci H

Hi! Han! Hi!Han! Brâme l'âne Bête et hilarant!! Ha!Ha!Ha!Ha!Ha!Ha!Ha!Ha! Hé! Ho! L'ami! Halte-là! Mes beaux haricots Chaud! Hume-les!Humecte-les! Hash ou Hashich? Baudelaire Hashichin nous livre L'héautontiménouméros

31 octobre 2007

Mascarade

Elle avait de si longs cils qu’en s’approchant d’elle on avait l’impression de voir papillonner ses yeux. C’était une fille d’une ardeur inconcevable, une petite femme fantôme lumineuse et délicate. Lorsqu’elle marchait, ses orteils tintaient comme des cloches. On n’allait pas vers elle. Elle venait vers nous. Du moins semblait-elle s’aventurer dans notre direction, mais elle ne faisait que passer. Et le vide qu’elle laissait en passant voilait au regard des passants ses longs cils. Quiconque tentait de retenir quelques étincelles de ses yeux devait se résigner à pourfendre l’air. Elle ne portait pas de masque. Sa beauté, toute en silence et en ombres, éclipsait l’accessoire. Comme à chaque soir, je l’attendais, - un gros oiseau gris-bleu s'essorant dans les étoiles et traînant l'aile à la fenêtre de sa chambre. Dès son arrivée, elle s’engouffra à l’intérieur. Puis, elle se fit avaler par un appareil d’élévation. Je dus me résigner à égrener l’éternité dans l’attente anxieuse de sa réapparition. Je l’imaginais se déplumant au rythme d’une musique intérieure d’une précision telle qu’au 47e étage, lorsque les portes de l’ascenseur s’ouvraient dans un spasme mou, sa nudité frôlait le sol. Elle sortait alors d’une nuée de plume et s’avançait à petits pas vers l’énorme baie vitrée qui, de sa chambre, surplombe la cité. Un bal offert en exclusivité aux créatures de l’azur. Elle n’avait pas l’habitude de parler. Chez elle, le verbe modulait les silences. Sa nudité seule démasquait le monde. Elle laissait aux autres la parole. Dans sa chambre, tout se faisait ombre et aquarium ardent. Des pianos fendaient l’air sous son lit en plastique, sa couette aux folles avalanches débordait de poissons fantastiques, des jardins de crocodiles croissaient à la queue leu-leu, les tics de l’horloge conversaient avec les punaises, le globe terrestre s’auto-dévorait, l’intrigante voisine à l’étage inférieur rongeait ses ongles rouges en chantant des comptines, de jolis parapluies se tenaient au garde-à-vous sur la table de la cuisine, le garde-robe dégageait une vapeur bleue sur fond de cintres squelettiques, les pétoncles fraîches du marché bavaient sur le futon, les chaussures et les chaussettes suintaient en se chuchotant des saletés, des acrobates venus du monde entier jouaient aux cartes les jambes croisées, deux ours aux gencives violettes faisaient la lessive en se savonnant le sexe. Enfin, partout sur les murs courait l’encre noire des livres. Mademoiselle avait son passeport onirique sur la taie d’oreiller. Et la nuit venaient s’y poser, délicatement, ses longs cils.

26 août 2007

Afrinizir IV

Quand la savane au crépuscule bleuit et que le chant des cigales s'estompe, le macaque sent le silence l'envelopper. C'est une pellicule très fine qui le recouvre et le pénètre. Il n'a pas toujours la force de s'ajuster au vide spontané que ce silence opère en lui. Scalpel impalpable le travaillant du dedans comme un souffle vertical, mais fibreux : la sensation dans les muscles ressemble à un décollage raté. Quelque chose lève et puis, d'un coup, retombe, et pique du nez, alors même que se découvrait l'horizon. Ce silence, c'est donc une détonation.

Un coup de feu, même attendu, surprend toujours par le vide qu'il crée autour de lui. Sur le coup, le coeur saute et tombe en parachute.

Le macaque appréhende le silence comme un chasseur sa proie: il l'attend tout en le craignant. Il sait que le silence recherché provoque un dérèglement des sens complexe et raffiné, une chute calibrée dans l'étrange. Il lui faudra du souffle, de la gomme et surtout de la térébentine pour tenir jusqu'au bout. Il songe à sa branche et fouille derrière ses paupières quelques images fugaces de l'aube quand elle chante. Soudain, le silence tendu comme une corde de guitare cède : Afrinizir! gémit le macaque! Ma terre! Kourma crac ouma chtouf! Au loin, le rugissement de la lionne ne se fait point attendre: "Maudit sois-tu engeance de macaque des neiges! Je te vois lévitant dans ta neige. Reviens parmi nous! La terre a soif!"

C'est ainsi que le macaque, sortant de sa torpeur, vint à nouveau se perdre dans la mêlée. Seul, mais entouré.

4 mai 2007

Écris la phrase la plus vraie que tu connaisses - SL3

Mes vêtements lancés sur tes murs offrent une vue verticale de la résistance de ton désir. Peux-tu comprendre ça? C'est pourtant pas grand-chose. Une infinitésimale part de celle qui me suis oublie que je suis l'araignée sur son plafond. Sa respiration-tigresse, la neige lente sous sa colonne vertébrale, c'est de Sicile? Et au bout du compte, c'est assez! Bon. Je n'arrive pas toujours à m'entendre de tout mon long. Lorsque j'avise ses tresses, c'est la même chose. Sauf que mon mur n'est pas (toujours) dur, tout comme ses parois sont (parfois) volatiles. Le S suit une existence bien particulière : celle qui s'insinue et se pose, qui fesse et sussure, qui s'avise de passer. C'est une courbe chaude et humide où tu peux facilement glisser, désirer, et, disparaître. Aussi, je tends à ciseler ma Sylphide. Je fabrique des balançoires en Blistex, je fais de l'origami en plastique et je laisse le papier d'or sans fin se refermer sur moi jusqu'à ce que la science toussotante bloque naguère ce qui fut l'artère du nectar - viens! viens t'écouler! irriguer!: a very slow flow of music calibrating my life. Il n'y a pas tant de part obsure à explorer, surtout beaucoup de tendresse à investiguer. Au bout de la nuit, mon coeur terrassé compte les battements à la jointure de la bretelle où viennent se plier et se refermer ses bras, source d'englobement faisant germer, encore, toute mon essence.

2 mai 2007

Écris la phrase la plus vraie que tu connaisses - SL2 par K

Les vêtements lancés sur les murs, à la verticale, offrent une résistance que seul mon désir peut comprendre. Pas grand-chose. Une inifinitésimale parcelle de qui je suis oublie que je marche avec une araignée au plafond. Ta respiration m'agresse et je rampe sur ta colonne vertébrale; c'est difficile et, au bout du compte, c'est assez bon. Je n'arrive pas toujours à t'étendre de tout ton long.Lorsque je m'appuie sur tes fesses, c'est la même chose. Sauf que mon vit n'est pas (toujours) dur, tout comme tes mamelons sont (parfois) érectiles. Le sexe offre une résistance bien particulière : celle que je lui expose. Je dresse des murmures, je traverse des vallées. C'est un espace chaud et humide où je peux facilement glisser, délirer, et, disparaître. Aussi, j'apprends à baiser ma divine. Je fabrique des nageoires en latex, je fais de l'origami tantrique et je laisse le corridor salin se refermer sur moi jusqu'à ce que le silence crie, trop suçotant, débloque quelques artères de mon dard duquel le nectar viendra s'écouler, voguer : "a very slow flow of music calibrating my wife". Il n'y a pas tant de partenaires à explorer, surtout beaucoup de caresses à investiguer. Au bout de la nuit, mon coeur terrassé continue de battre et je sens le sang à l'encoignure de tes lèvres qui, venant lover ma langue, remonte à la source pour se faire englober, encore, toute son essence.

20 avril 2007

La couleur des rêves

«L'expérience intérieure est l'autorité en elle-même.» - G. Bataille Mes jours ne sont plus qu'une série de renoncements paralèlles, un défrichement, un changement de peau, une transformation soumise à la soustraction. Je soustrais des projets, des idées, des rêves. J'effeuille ma mégalomanie. Les idées éclatent aussitôt qu'elles surviennent, décimées par le bas. Et j'observe, de plus en plus impassible, les volutes bleues du désespoir dériver au loin. La dissipation sereine des mes rêves m'apporte une nouvelle joie : je maîtrise de mieux en mieux l'art du renoncement. Quels renoncements dans ma vie ont fait monter ce thème en moi comme la crue des eaux? Les grandes marées suivant le voyage ont fait place aux petites marées réconciliantes du quotidien. Joies difficiles mêlée aux vapeurs de thé. Les déplacements extrêmes à l'étranger créent, une fois fixé, des mouvements intérieurs proportionnels à leur degré d'intensité. Petite musique incendiaire pour une série de mouvements géologiques qui se répercutent dans mon esprit : typhons, tremblements de terre et tsunamis. C'était en 2004. Combien de deuils peut-on faire un à la suite de l'autre sans tomber dans le coma? sans soi-même rechercher la lueur du deuil dans les yeux des autres, la mort tenace dans les gestes quotidiens? Soupirs, maladie, blessures, dépression, feu - le cri des corbeaux comme ritournelle obsédante du deuil. Le renoncement pourrait se traduire ainsi : rationalisation du deuil. Passage du rêve à la réalité. Accomplir un rêve (Le désir n'est désir que lorsqu'il demeure un fantasme, selon Lacan) anihile le rêve. Mais cette anihilation est lente, presque imperceptible jusqu'au jour où la désintégration inévitable du rêve en tant que rêve fait place à la «réalité». Il existe un décalage subtil entre sa vision idéalisée des choses ( «avoir un rêve») et l'impact mental lorsque le rêve devient réalité. L'habitude aménage alors une habile substitution : petit désespoir. Pour «aller voir la couleur de ses rêves», aller resentir la mort, le processus de dégradation de la pensée, il faut réaliser ses rêves. Cette réalisation, pafois dispendieuse, exige une forme de renoncement, un renoncement à la machine du rêve, comme fabriquante de réalités: on accepte alors d'aimer le rêve non pour ce qu'il promet, mais pour ce qu'il produit chez le rêveur à l'instant même où il rêve. Le rêve est une méditation en action, le lever du rideau de l'esprit qui, lorsque actionné, connecte le penseur à son imaginaire et l'arrime à l'épaisseur du présent, faisant de lui le cinéma vivant de toutes ses projections. Tant d'images provoquent des secousses intérieures; le rêveur doit apprendre à se détacher et, renonçant à leur attrait physique ( vers le réel) laisser passer les images inutiles pour ne faire bon usage que des images utiles à son rêve. Il devient maître du montage en perfectionnant d'abord cette sélection d'images «intérieures». «L'expérience intérieure est l'autorité en elle-même.» Ainsi, fabriquant des rêves, il pourra s'en nourrir, sans sentir le besoin d'aller voir leur couleur à l'extérieur de lui-même. La couleur des rêves n'a pas la même luminosité sur fond de réalité.

19 avril 2007

L'araignée

Une coccinnelle sur « Mille Plateaux » monte, monte, monte… Pourquoi c’est plus facile de tuer une araignée qu’une coccinelle? Hier, j’ai coincé une araignée dans un verre. J’ai bloqué l’ouverture avec un carton et je l’ai regardée se débattre un moment. Puis, je me suis demandé ce qu’elle allait devenir entre mes grosses mains. La voilà à cheval entre « Mystics and Zen Masters » et « Call if you need me », puis une autre s’envole vers moi. C’est une invasion? D’où elles sortent ces coccinelles? Enfin elle prend son élan sur la passion de G.H. Je me demande si je ne vais pas avoir envie de croquer dedans à la fin. C’est peut-être une escouade spéciale envoyée par l’araignée que j’ai tuée hier, pour se venger. Je ne suis pas du genre à tuer. Mais, il m’arrive parfois de m’en prendre aux insectes. J’avais choisi d’arrêter. J’en étais venu à la conclusion que peu importe ce que je tuais, un homme ou un insecte, c’était un acte qui allait à l’encontre de ma nature. Mais pour une raison que je ne saurais expliquer, hier le sang m’est monté à la tête. Je n’ai pas pu résister. Cette fois, elle a bel et bien disparue. La coccinelle. Impossible de la dénicher. À mon avis, à force de se cogner contre le mur en battant des ailes de toutes ses forces – c’est étrange qu’une si petite bestiole puisse provoquer une avalanche d’émotion en moi juste par le bruit de ses ailes qui vibrent et son corps minuscule qui rebondit sur le mur en émettant un son sec, électrique – elle a fini par s’écraser sur le sol. Je l’ai donc tuée. Je veux dire l’araignée. Après l’avoir longuement observée - jusqu’à m’accoutumer à sa présence, jusqu’à me fondre en elle - je me suis dirigé vers la salle de bain. Là, j’ai levé le bol de toilette. Et je l’ai, maladroitement, jetée dans la cuvette. On dirait qu’à la dernière seconde... j’ai hésité. Puis, pour en finir au plus vite, j’ai tiré la chaîne. Mais, elle avait réussi à grimper sur le rebord intérieur. L’araignée s’agrippait. J’étais un peu embêté. Et plus elle s’accrochait, plus je prenais mon temps, savourant, moi aussi, l’excitation que provoquait l’approche de sa mort. Ma coccinnelle est de retour! Elle virevolte à présent autour de ma tête et se cogne contre le plafond. Bzzz, bzzz, bzzzz. Mais, je ne suis plus certain s’il s’agit bien de ma coccinelle ou d’un autre insecte. Aterrissage! Cette fois sur le Robert historique. Rouge sur rouge. Le goût de tuer va peut-être me re… Et toc! En plein sur mon écran! J’ai le cœur qui me sort de la poitrine. J’attrappe un carton, le même qu’hier. Trop c’est trop. Elle s’agrippe. Tant mieux! Je sors d’un pas décidé. Arrive devant la porte de la salle de bain. Mais, elle me regarde avec ses yeux noirs comme un : Je n’ai plus la force de tuer. Peu importe l’insecte, à présent je laisse tout passer. Je vais me confectionner un petit insectarium et lorsque le poids de la solitude se fera sentir, je les observerai, jusqu’à me fondre en elles. Ainsi, j’apprendrai, au summun de cet exercice de transubstantiation, à rester en vie sous la forme de ces créatures mystiques. Je dois apprendre à regarder les petites choses de près et à les laisser vivre. Même si le désir de la mort est plus vif. Et qu’il fait monter une fièvre en moi dès que le soleil commence à descendre. Les araignées ne devraient pas tester ma foi au déclin du jour. Je suis plus faible, plus enclin à m'emporter, c'est dire combien mes sens ont facilement le dessus sur mon esprit. Je l’ai donc tuée. L’araignée. Lentement, alors qu’elle gisait au centre de la cuvette, je me suis préparé à ce bel au revoir. Mais, avant de tirer la chaîne une seconde fois, j’ai dû attendre que le bidet se remplisse. J’ai décidé de faire les choses en grand. J’ai descendu ma fermeture éclair et, sans même y penser, je l’ai visé entre les deux yeux : le jet d’or tiède a vite fait de la neutraliser. Elle s’est rabougrie. Je ne l’avais jamais vue si fragile et dépourvue. J’aurais préféré qu’elle se batte un peu plus. Je l’ai regardée une dernière fois. Puis j’ai tiré la chaîne, je me suis assis sur le bol et j’ai pleuré.