25 juillet 2005

Clarice

Il y a très peu de temps pour écrire, très peu de temps, la mort approche et le travail assome et il ne reste que très peu de temps avec soi-même en silence et avec ce peu de temps qu'il faut prendre pour écrire et réaliser que nous ne sommes jamais si seuls qu'avec les autres. Je me retourne sur moi-même combien de fois la nuit? Je n'en sais rien, mais le jour je me retourne constamment sur moi-même et je m'ouvre à la possibilité que peut-être je ne suis qu'une méprisable coquerelle, un insecte puérile, une petite créature qui ne mérite rien de mieux que de se faire écraser dans l'entrebaillement d'une porte comme ce cafard de Clarice où tombe les yeux de G.H., ce cafard qui ouvre une brèche dans la banalité de sa vie. Je pense à toi Clarice et à tous ces livres que tu as écrit et que je n'ai pas lu et je suis impressioné par cette quantité de mots que tu nous a laissée, j'ai hâte d'avoir l'esprit tranquille pour me plonger dans tes lignes et me perdre un peu dans la saveur mystique de ton portugais brézilien.

16 juillet 2005

Liquescence

J'ai réfléchi il y a quelques heures de ça à une nouvelle façon d'assembler les résidus de mon esprit, les traces qu'il laisse, dans un espace prévu à cet effet. Ça commence sur un document virtuel ou sur une page de papier et selon que ça s'étire ici ou là, ça prend une forme différente. Je dis ça parce que je trouve "ça" plus fort que "cela" et aussi parce que ça m'exaspère de dire "cela", ça ne tient pas bien dans ma bouche et l'effet visuel que ça fait sur la page est encore pire. "Ça", c'est bien. Ça ( la pensée) prend donc une forme différente selon le format/ la texture et l'espace prévu à sa réception, à sa fixation, à sa mise en mémoire. Sauvegardez-vous vos blogs? Les publiez vous tout de suite? Utilisez-vous cet espace comme détonateur? pour débloquer quelques artères spirituelles qui, sans le secours de cette petite boîte magique que j'apprends à aimer, ne sauraient laisser circuler la pensée librement. Liquescence du blog. Liqueur minérale ou s'ouvrent et clapotent les pensées, puis se cognent quelques instants sur la surface liquide de l'écran, avant de s'évaporer. Ici tout est bien. J'écris comme dans un aquarium: les mots sont de petites puissances flexibles qui circulent et respirent en laissant un sillon de bulles derrière eux. Ça monte au ciel, ça. Ça s'étire vers le haut. Ça ne tient pas. Ça ne reste pas ici. Ça circule. Ça enfle. Ça : évanescence. Naissance et mort et naissance et mort de l'idée : petites écailles glissantes. Si vous me suivez, ça fait un petit banc de poisson, on s'apprête peut-être à m'avaler (une ombre plane toujours au-dessus de nos têtes) mais si vous ne me suivez pas, qu'est-ce que ça change? puisque je me faufile, que je précède mon propre évanouissement, que la silhouette ne se confond jamais avec le corps, - mais il y a toujours cette silhouette, justement, qui me fait écrire : liquescence.

15 juillet 2005

Intro

Lignes électriques? Ce pourrait être les lignes qui surgissent sur l'écran. Une métaphore du blog. Et c'est peut-être ça. Mais c'est beaucoup plus. Ce sont plutôt des lignes-résidus, des lignes-témoins de décharges intérieures. Celles qui surviennent d'abord sur papier, puis sur écran à la suite d'une déterritorialisation intense : épisodes japonais. C'est quoi ce truc? Une vitrine? Je vais mettre mon esprit sur un ceintre et coloré l'écran de paillettes. Si j'étais un mannequin, je préférerais n'avoir pas de tête. Ça laisse plus de place à l'imagination. Mais dans cette boîte, c'est vous qui n'avez pas de tête. C'est vous l'imagination. Je ne fais qu'aligner des traits électriques sous vos yeux fatigués. Puisqu'il faut que ça commence, je vais m'arrêter un peu et prendre du recul.